Bronwyn Knight: «Il y a beaucoup d’opportunités dans l’immobilier africain»

Après avoir récemment réussi son entrée dans le segment premium de la Bourse de Londres, GRIT Real Estate Income Group reste à l’affût des bonnes opportunités en Afrique et compte poursuivre son expansion dans la région. La CEO évoque les défis qui l’attendent en 2021.

Au vu du contexte sanitaire et économique au niveau international, quels seront, selon vous, les défis que vous devrez relever cette année pour permettre à votre entreprise de poursuivre sa croissance ?

 À l’échelle mondiale, les secteurs de la vente et de l’hôtellerie ont été les plus sévèrement touchés par l’impact du confinement et des restrictions de voyage. Cependant, nos bureaux et nos entrepôts industriels et logistiques ont relativement bien performé. Nous nous concentrerons pour l’année à venir sur une croissance continue, mais dans le contexte de la situation actuelle et dans les secteurs qui, selon nous, seront plus touchés.

Nous pensons que l’accès au capital et à la liquidité restera difficile. Pour relever ces défis, Grit a récemment achevé son passage au segment premium de la Bourse de Londres (LSE), rejoignant certaines des sociétés les plus importantes et les plus prospères du monde. Le segment premium est reconnu comme ayant le plus haut niveau de gouvernance d’entreprise, ce qui améliore souvent les notes globales et incite l’intérêt des investisseurs.

Grit est la première société mauricienne à être cotée dans ce segment et devrait bénéficier d’une liquidité accrue, d’une participation plus élevée des actionnaires et d’un potentiel renforcé pour rejoindre les indices Financial Times Stock Exchange (FTSE) en temps voulu.

GRIT a annoncé, l’année dernière, une hausse de 29,9 % de son revenu total brut, portant ainsi vos bénéfices opérationnels à plus de Rs 400 millions. Dans quelle mesure votre performance financière sera affectée par la crise ?

Le bénéfice d’exploitation a augmenté de 27 % l’an dernier. Cependant, cela s’explique principalement par des mesures strictes de maîtrise des coûts et par l’impact positif des ac- quisitions. Le bénéfice du groupe pour la période a été fortement impacté par la baisse de la valorisation de l’immobilier, les pertes de valeur et les provisions de $ 15, 1 M contre $ 1,6 M en 2019. Les ajustements à la valeur de marché des contrats de swap de taux d’intérêt de $ 4.0 M contre $ 0, 0 en 2019, ce qui a en- traîné une perte attribuable aux actionnaires de $ 63, 1 M contre un bénéfice de $ 28 M en 2019.

Malgré l’impact de la Covid-19, nous sommes toujours enthousiasmés par les opportunités de croissance sur le continent. Nous travaillons d’arrache-pied afin de positionner l’entreprise de manière à ce qu’elle soit prête une fois la crise terminée. La société continuera à s’accroître, mais avec prudence, compte tenu des défis économiques actuels à travers le monde.

Déjà présent dans huit pays, votre entreprise est constamment à la recherche de nouvelles opportunités d’investissement sur le continent africain. Pensez-vous que les opportunités se feront plus rares à court et moyen terme étant donné la situation actuelle ?

Des circonstances exceptionnelles ouvrent la porte à de nouvelles perspectives et opportunités de croissance. Je pense donc qu’il y a beaucoup d’opportunités dans l’immobilier africain, à condition que les financements appropriés soient disponibles pour correspondre à ces opportunités.

Afin de sécuriser l’avenir de Grit, nous sommes, par exemple, en négociation pour entrer dans des secteurs tels que la santé et nous continuerons à chercher des opportunités d’expansion dans le secteur de la logistique et de l’entreposage qui continue de surperformer.

Nous sommes également convaincus que des moments comme ceux-ci offrent aux entreprises des opportunités de se développer et de faire la différence. Pour cette raison, nous nous sommes beaucoup investis afin de redonner aux communautés dans les régions où nous opérons et là où cela est le plus nécessaire ; en faisant don de colis alimentaires, de masques faciaux et d’équipements de protection pour les frontliners.

Quel regard jetez-vous aujourd’hui sur le marché immobilier et foncier ?

L’Afrique a été relativement moins touché par l’impact de la pandémie, même s’il reste important dans la plupart des secteurs. Je pense qu’il y a de réelles opportunités de croissance, mais les investisseurs devront être plus perspicaces en ce qui concerne les classes d’actifs et les domaines dans lesquels ils investissent.

La stratégie optée par GRIT Real Estate Income Group qui consiste à privilégier un portefeuille d’investissement diversifié vous a-t-elle aidé à limiter l’impact de la crise sanitaire sur vos revenus ?

Définitivement. Nos actifs tels que nos locaux et les entrepôts, entre autres ont été beaucoup moins touchés par les effets de la pandémie.

Votre groupe est présent aussi bien sur le marché commercial que résidentiel. Lequel de ces deux secteurs a été le plus touché par la crise ? Pourquoi ?

Notre portefeuille com- prend des actifs dans la vente au détail, l’hôtellerie, les locaux d’entreprises, les bureaux et les industries légères. Les actifs dans la vente au détail et l’hôtellerie ont été plus durement touchés (comme ce fut le cas à l’international) tandis que nos autres actifs se sont avérés défensifs.

Selon vous, quand est-ce que la situation reviendra-t-elle à la normale ?

Nous nous attendons à ce que l’impact de la pandémie et le confinement qui en résultent, durent pendant une période prolongée. Nous avons espoir que la reprise débutera une fois qu’il y aura un déploiement plus large de

vaccins. C’est la raison pour laquelle notre objectif est de disposer d’un bilan solide afin de réagir aux opportunités à mesure qu’elles se présentent. Mais nous n’avons pas de calendrier précis en tête pour anticiper quand les choses reviendront à la normale.

Vous avez annoncé, l’année dernière, avoir enclenché les procédures pour l’acquisition de deux établissements de santé dont Ste-Hélène et Coromandel. Qu’est ce qui a motivé ces achats et quels sont vos ambitions ?

Notre objectif avec ces acquisitions comporte deux volets. D’un point de vue commercial, notre ambition est de pérenniser Grit en nous concentrant sur les secteurs où il existe une demande structurelle. Le secteur des soins de santé est un domaine où il y a de graves déficits d’approvisionnement qui ont été d’vantage accentués par la pandémie.

Nous souhaitons aussi faire partie de la solution au bénéfice de tous. Malgré le système de santé avancé et sophistiqué de Maurice, les Mauriciens doivent encore se rendre à l’étranger pour certains traitements spécialisés. Notre but est de faire de ces hôpitaux en particulier l’hôpital d’oncologie – des centres d’excellence pour la région de l’océan Indien, en offrant le meilleur traitement disponible aux Mauriciens.

Vous laissiez entendre, l’année dernière que «le secteur de la vente au détail demeurait difficile tant sur le marché de l’occupation que sur celui des investissements». Envisagez-vous une amélioration sur ce marché ? Pourquoi ?

Le secteur de la vente au détail a été confronté à des défis structurels et cycliques à l’échelle mondiale avant même l’impact de la pandémie. Les innovations telles que les achats en ligne ont toujours défié le commerce de détail traditionnel, mais cette réorientation a été accentuée à la suite du confinement lié à la Covid-19.

Les centres commerciaux du futur seront probablement différents de ce à quoi nous sommes habitués aujourd’hui. Nous mettons davantage l’accent sur les services en sus du divertissement et de la vente au détail. Nous constatons une forte demande pour le commerce de détail axé sur la commodité et les services. Bien que le cycle soit actuellement abaissé, il peut y avoir des opportunités, mais celles-ci ne correspondent pas à la stratégie de Grit.

Propos recueillis par Guillaume Gouges

Publication: Business Magazine